Réchauffement climatique : 4 scénarios, 1 seul avenir

Le scénario de référence

Dans toutes cette vidéo, nous nous sommes appuyés sur le travail du Climate Action Tracker un site internet et une association qui compile de nombreuses informations sur les émissions de gaz à effet de serre et les scénarios climatiques.

Les scénarios présentés proviennent de la page “Températures” de leur site mais, si vous lisez l’anglais, nous vous invitons à regarder les autres pages qui ne manquent pas d’intérêt. Voici le graphique qui présentent les différents scénarios d’émissions et de réchauffement climatique durant tout le XXIème siècle.

Le scénario qui nous occupe ici est le scénario de référence, appelé ici “baseline” mais parfois trouvable sous le nom “business as usual”. Ce scénario projette un monde qui “continuerait comme avant”, où on fait du “business comme d’habitude”.

Pour construire ce scénario de référence, l’équipe du CAT indique avoir suivi les trajectoires données par le 3ème groupe de travail du GIEC 2014. Si vous voulez avoir plus d’information que la trajectoire décrite sur le graphique, je vous invite à consulter la ligne “ >1000 RCP8.5” du tableau page 32 du résumé au décideurs en français.

Dans ce scénario de référence, non seulement nos émissions ne baissent pas, mais à l’inverse elles continuent à augmenter. D’ici à 2100, le scénario de référence prévoit une multiplication par 2 ou 3 des émissions pour atteindre entre 100 et 180 GtCo2e.

Résultat des courses, avec de telles émissions on arriverait en 2100 à un réchauffement du climat compris entre 4.1° et 4.8°.

Certains modèles climatiques ultra récents, dont deux réalisés par des équipes en France montrent même que si on suit cette trajectoire, avec les incertitudes liées au système climatique, ça pourrait même monter jusqu’à 6-7°. Autant dire que ce monde serait invivable pour une grande partie de l’humanité.

Ce scénario “de référence” ressemble à s’y méprendre à un scénario apocalyptique dont les conséquences sont popularisées par de nombreux articles de presse. Les “+7+8° (ou ici) , c’était ce scénario, compté en mode max. Les “NYC sous les eaux, encore lui” (ou ici ou encore)  , les “55° à Lille en 2050”, encore lui.

 

Pourquoi le scénario de référence est un scénario improbable ?

 

D’abord, suivre cette trajectoire demanderait de brûler des quantités astronomiques de pétrole, de gaz et de charbon.

Dans la deuxième moitié du siècle, quand le pétrole et le gaz se feront plus rares, il faudrait brûler jusqu’à 4.8 fois plus de charbon qu’aujourd’hui (page 29). Et comme le charbon est l’énergie fossile qui émet le plus de CO2, c’est son utilisation forcenée qui permet au scénario de référence (appelé dans le graph ci-dessous “RCP8.5”) de parvenir aux niveaux d’émissions astronomiques de 100 – 150 – 180 GT de CO2e par an !

De plus en plus de chercheurs spécialistes des ressources minières affirment qu’il n’y a sûrement pas assez de charbon d’exploitable pour en utiliser autant que ces modèles le prévoient. En réalité, la quantité de charbon utilisable a été grandement surestimée. Ces 20 dernières années par exemple, malgré une forte demande et des prix assez hauts, l’estimation des réserves de charbon exploitables à baissé de deux tiers.

Le scénario de référence surestime donc le charbon disponible d’un multiple compris entre 2 et 3. Cette surestimation rend le scénario de référence (noté RCP8.5) très peu probable. Des chercheurs estiment que, faute de charbon, le scénario de référence n’a que 12 % de chance de se réaliser. Nous ne pourrons pas réchauffer autant la planète.

Alors, c’est déjà une excellente nouvelle pour le climat, mais à la limite on pourrait encore se tromper. On pourrait se rendre compte dans 10-20 ans qu’avec tel ou tel progrès technique, on peut bien extraire et brûler tout ce charbon et bousiller totalement notre climat..

 

Mais même dans ce cas là, il y  a une seconde raison très sérieuse qui rend ce scénario de référence apocalyptique très improbable.

Cette deuxième raison décisive, c’est que ces scénarios ne sont en réalité pas des “business as usual”. Ce n’est pas vrai que “si on ne fait rien” on suit cette trajectoire.

En réalité, ces scénarios apocalyptiques décrivent ce qui se passe si 1) on arrête maintenant toutes les politiques climatiques du monde, qu’on stop tous les renouvelables, les voitures électriques, les rénovations thermiques, etc. et si 2) en plus on appuie à fond (et même au-delà du possible) sur la croissance nourrie aux énergies fossiles.

Le scénario de référence ne décrit donc pas du tout la trajectoire qu’on est en train de prendre aujourd’hui. Aujourd’hui, le monde prend conscience du problème climatique, cherche à réduire ses émissions et met déjà en place des politiques climatiques. La croissance économique est aussi plus faible.

Le scénario de référence ne tient pas compte des politiques climatiques actuelles, autrement dit du “business as usual” réel. Certains chercheurs, par exemple ici récemment dans la prestigieuse revue Nature,  commencent à dire que c’est un gros problème de parler autant de ce scénario et de ces conséquences alors qu’il est très improbable et qu’il ne correspond pas du tout à la trajectoire qu’on a aujourd’hui.

 

Le scénario “politiques actuelles” n’est pas une bonne idée

 

Le scénario “politiques actuelles” (current policies), rappelons-le, prévoit un réchauffement climatique compris entre 2.7° et 3.1°.

Un réchauffement autour de 3° en 2100 aura des conséquences terribles. A +3°, la hausse des température va affecter les rendements agricoles. Les chercheurs calculent qu’à la fin du siècle, à +3°, le blé perdra 10 à 15% de rendement, le maïs entre 15 et 18% (Figure 2.B).

 

Pareil à 3° c’est un doublement des feux de forêts en Méditerranée, chaque année 2 fois plus de surface qui partent en fumée. C’est des sécheresses qui dureront 5 fois plus longtemps qu’aujourd’hui. Les spécialistes anticipent des sécheresses pouvant durer 20 mois dans certaines régions exposées. Vous imaginez les problèmes alimentaires, sociaux, politiques avec de telles sécheresses ?

Bref, on pourrait continuer longtemps, vous parler des ouragans, des inondations, de la banquises, du rétrécissement continu  faute de neige des saisons de sport d’hiver, de la montée vers le nord des maladies, des insectes et des parasites tropicaux.

 

Surtout que le scénario “politiques actuelles” pourrait réchauffer le climat largement au-delà des 3°. Avec exactement la même trajectoire d’émissions, le climat pourrait flirter avec les 4°, ainsi que nous le montre le “thermomètre” du CAT.

 

A plus de 4°, toutes les conséquences du réchauffement climatique mentionnées plus haut seront encore aggravées. Et, pour vous donner une idée des “nouvelles” conséquences désastreuses, mentionnons rapidement les effets sur la biodiversité. Au-dessus de +4° la plupart des espèces du monde perdront 50 % de leur habitat actuel. Pas génial.

De plus rappelons que, selon la trajectoire “politiques actuelles” du CAT, le monde continuera d’émettre en 2100. Les données brutes indiquent que, si nous suivons notre trajectoire actuelle, le monde émettra encore entre 35 et 48 Gt CO2e en 2100. Le climat se réchauffera donc au-delà des degrés présentés par les modèles qui, vous l’avez remarqué, s’arrêtent tous en 2100.

 

La trajectoire “1.5°” est hautement improbable

 

Maintenir le réchauffement climatique sous les 1.5° en 2100 est un objectif largement partagé. En 2015 à la Cop21, les États se sont accordés sur l’objectif de limiter le climat sous les 2° et, si possible, sous les 1.5°. Ce “demi degrés” fait toute la différence dans l’ampleur des conséquences auxquelles le monde va devoir faire face.

Le GIEC a même consacré un rapport entier sur ce point précis : à quel point 1.5° est plus souhaitable que 2° de réchauffement.

La trajectoire d’émissions de gaz à effet de serre qui maintient le climat sous les 1.5° demande une baisse des émissions extrêmement rapide. Le CAT nous le montre dans des graphiques illustrant spécifiquement les trajectoires ambitieuses de limitation du réchauffement climatique.

 

On voit qu’il nous faudrait diviser par deux les émissions mondiales en seulement 10 ans !

Et c’est pas fini. Après avoir divisé les émissions du monde en 10 ans, il faudra continuer à faire décroître nos émissions pour atteindre la neutralité carbone (c’est-à-dire le zéro émissions nettes) en 2060.  Et c’est toujours pas fini. Après 2060, nous devrons atteindre des émissions négatives. Il nous faudra donc retirer du CO2 de l’atmosphère avec des arbres, des zones humides et des technologies conçues pour.

Si on ne fait pas tout ça : diviser par 2 nos émissions en 10 ans, neutralité en 2060 et émissions négatives après, il est très très très peu probable de tenir objectif des 1.5°.

Voilà l’enseignement de la trajectoire générale d’émissions jusqu’à 2100 qu’on vous remet ici à des fins pédagogiques.

 

 

Tenir l’objectif des 1.5° de réchauffement climatique commande une bifurcation BRUTALE de nos économies. Pour la France, le cabinet BL évolution a détaillé début 2019 une série de mesures qu’il faudrait toutes suivre dans les 10 prochaines années pour aligner la France avec l’objectif de 1,5°.

 

On doit baisser les  émissions tellement rapidement qu’on n’a pas le temps de substituer des usages émetteurs par d’autres usages moins émetteurs. On est obligés de COUPER, de modifier radicalement nos modes de vie.

Prenons l’exemple du chauffage . Ils proposent un “couvre feu” thermique à 22h, après 22h couic, on coupe, et impossible de chauffer à + de 17°.

Cette mesure radicale elle est rendue nécessaire parce qu’en 10 ans, on n’a pas le temps de rénover tous les logements, de refaire l’isolation en façade et en toiture, de remplacer les chaudières de tous les immeubles et toutes les maisons de France par du chauffage au bois, des pompes à chaleur ou du solaire. Si on veut tenir les 1.5°on n’a pas ce temps là, on a pas ces 10-20 ans nécessaire à cette transition. On doit réduire les émissions TOUT DE SUITE.

Du coup, si on a pas le temps de remplacer, bah pas le choix, on dit qu’il faut chauffer moins.

Le moins que l’on puisse dire, c’est que ça va probablement pas plaire à tout le monde. La mesure pose des grands problèmes d’acceptabilité politique, au moins à court terme, si on est gentil.

Et de plus en plus de climatologues et d’activistes écolo le disent : les 1,5 degrés, ça va pas être possible, c’est déjà trop tard. C’est peut-être matériellement encore possible, mais ça va être politiquement totalement impossible à réaliser.

 

A l’inverse, l’objectif des 2° commande des objectifs ambitieux (cf. la courbe 2020-2030 plus haut) mais pas tout à fait impossibles.

Il faut diminuer les émissions de  gaz à effet de serre d’un quart dans les 10 ans. Cette baisse doit se poursuivre à un bon rythme pour arriver à -75% autour de 2050 puis à zéro émissions vers 2080.

Ces chiffres, vous les retrouvez souvent dans les vidéos de Jancovici, dans les projections du haut conseil pour le climat, etc. Ils correspondent aussi budget carbone de 2t de CO2/hab en 2050 pour rester sous le deux degrés ou au “facteur 4” de divisions par 4 des émissions d’ici 2050.

Au passage, notons que ce qu’on appelle “scénario 2°”, c’est un scénario qui permet de rester sous les 2°. Cette trajectoire d’émissions nous amène plutôt vers 1.6-1.7°.  On a donc une petite marge par rapport à l’objectif 2° que tout le monde entend.

 

Pourquoi l’objectif des 1.5° a été adopté à la COP ? Précision de « Linitaa » membre d’Osons Comprendre

 

Merci à Linitaa pour la précision :)

 


Si le livre de Sylvestre Huet et Gilles Ramstein vous intéresse, en voici une présentation.

13 commentaires

  • Une solution émerge : les SMR de fission puis de fusion en association aux ENR.

    https://vimeo.com/462888711

  • Gil-Hugues dit :

    Pour commencer merci pour vos vidéos.
    Qui je suis ? Ancien cadre sup international devenu paysan…En Charente (je sais…)
    Je ne sais pas si le RCP8.5 est réaliste ou pas, toutefois, je ne vois pas autour de moi, en dehors de mon cercle d’écolo partisan, une quelconque prise de conscience du phénomène. De la vente des SUV aux croisières qui explosent, des BBQ aux black fryday, de la 5 G à la route de la soie, de la pub à l’augmentation du nombre de consommateurs riches, rien ne va dans le bon sens.
    Les déforestations, voulues ou pas, apportent chaque année un déstockage massif de CO² et l’acidification de l’océan limite la capacité des micro-organismes à synthétiser le CO² en calcaire et donc diminue la capacité d’absorption des océans en CO² (c’est le vivant qui a constitué le plus grand stock de CO², le calcaire…) impliquent que les boucles de rétroactions risquent d’être un peu plus fortes (rapides) que prévues.
    Les hommes ne resteront pas les bras croisé devant les difficultés et nous pouvons compter sur une déforestation « terminale » dés qu’il auront froid, voir ce qui se passe au Liban actuellement.
    Les 1.5°, les 2°, ou même les 3° ne seront que le résultat de la disparition, voulue ou pas, de la civilisation thermo-industrielle. Et là, je n’accorde pas ma confiance à la zenitude humaine.
    Bonne continuation.

  • magalhaes dit :

    j’aime bcp

  • Jules dit :

    Bonjour
    Je réagis en voyant cette carte partagée par Cyril Dion https://www.instagram.com/p/CJyBDaQAexi/?igshid=1rydlumb51tzn

    Elle me semble apocalyptique pour +4 degrés au regard de votre vidéo.

    Qu’en pensez-vous ? Merci !

  • Sam dit :

    Bravo pour vos efforts de vulgarisation.
    Cependant, quelques bémols.
    Un. On est essoufflé avec le commentateur. Il faut qu’il apprenne à faire des pauses dans son discours, sinon il va mourir d’épuisement. Sérieusement, quelques respirations, une seconde, deux, semblent nécessaire pour qu’on puisse garder notre attention à ce qu’il dit et ne pas être focalisé sur ce rythme de course qu’il livre et qui finti occulter le propos.

    Par ailleurs, vos vidéos, bien faites, vos recherches sans doute approfondies, pêchent par un excès affirmatif. Sur l’HCQ, vous ne mettez pas en doute la fiabilité des panels « randomisés ». Qui les a constitué, qui a agrégé les résultats ? Pourquoi Raoult, spéciailste mondial comme les autres, soutient-il que la randomisation est un excès qui empêche le soin ? Pourquoi concluez-vous à la même totale incapacité à soigner pour l’autre remède – ivermectine, je crois, ou zytromicyne ? – sur deux études il me semble.
    De plus, mélanger les options politiques du videaste de Raoult avec les capacités des médocs qu’il défend, ça me semble limite. Un peu la méthode de l’actuaire de Les Crises, qui a tout défoncé de Raoult, montrant ainsi que le conditionnel, il connaissait pas, et affichant un travail à charge manifestement excessif donc insignifiant.

    Même qualité et même travers, semble-t-il, pour la crise climatique, avec cependant plus de qualité méthodologique. Sauf sur la fin, ou vous feriez porter à tout un chacun, en abondant sans conditionnel encore une fois, les solutions genre « 17° à la maison pour tous ». Solution tout à fait libérales qui oublie juste que à chacun selon sa pollution, sa destruction climatique. Il n’y aucune raison, sauf idéologique, que la gde majorité de la population, les pauvres, payent dans leur chair, leur vie, les excès de l’industrie, et le mode de vie complètement pathologique d’une poignée de salopards qui ont précipité la crise climatique, et refuse qu’on fasse quoi que ce soit aujourd’hui pour changer.

    Cette façon de reprendre des solutions libérales est tout à fait partiale et partielle. C’est un défaut, je crois, d’innatention. En tous cas, reprendre là encore le conditionnel et mettre un peu de sociologie, voire de politique dans les résultats scientifiques, les « solutions’ type Attali qui préservent tjs les mêmes, et condamne toujours les mêmes, ce serait bien.
    Ca veut dire que vous partirez d’un bon niveau, pour atteindre l’excellence.

  • Rémifaol57 dit :

    Bravo pour vos émissions. Dans celle concernant le « réchauffement climatique », il y manque quelque chose, à savoir … bien évidemment, celui qui est la principale cause de l’évolution de la température, celui dont bien sur personne ne parle et pour cause, il faut de la taxe carbone pour soutirer le dernier sou des plus pauvres pendant que les riches poursuivent inlassablement leur pollution !
    Bon, toujours pas trouvé, allez, je vous le dis, c’est l’activité solaire …. vous pouvez également ajouter l’inclinaison de l’axe de la terre …
    Pour info, le CO2 est nécessaire à la vie, plus il y en a plus les plantes poussent vite par exemple …
    L’homme détruit la terre, pas par ces émissions de GES mais par les déchets qu’il produit. Tout est pollué, l’eau, le sous-sol, l’air, voilà le vrai danger pour la vie sur terre.

  • Roger Walker dit :

    Bonjour Ludo & Cie !

    La première de vos vidéos que j’ai vue (au sujet de ce charmant M. Bolloré) m’a épaté : tant de choses importantes que j’ignorais. Mais celle-ci me laisse sur ma faim.

    D’emblée, je précise que je ne suis pas scientifique, encore moins académique. Je suis le « intelligent layman », qui, âgé de 74 ans, suis de près tout ce qui relève du changement climatique depuis une vingtaine d’années. Et je sais me servir d’Excel pour vérifier les chiffres que les médias me balancent à la figure.
    Commençons par le positif. « Il ne faut pas se contenter de lire un article… il faut aller voir la papier scientifique… ». Bien, c’est exactement ce que je fais. Mais vous ajoutez : « …en anglais ». Ben oui, forcément. Même si ça n’arrange pas 65 millions de Français, c’est comme ça. La science s’exprime en anglais. Et là, j’ai un avantage non négligeable – voire essential : je suis anglophone. Mes principales sources d’information sont le Guardian, Mediapart, le New York Times et le site de Peter Sinclair https://climatecrocks.com/ qui est d’une pertinence rare.

    Un mot sur la science. Qu’est-ce que « la science » au juste ? La science est publiée dans un journal scientifique respectable qui, par définition, pratique la revue des pairs. Ces articles sont lus par des scientifiques partout dans le monde, et leur pertinence est mesurée par le nombre de fois qu’ils sont cités, voire réfuté, dans d’autres articles, passés eux aussi par la revue des pairs. D’où deux conclusions :

    • La science est rigoureuse, globale et autocorrigeante.
    • L’opinion d’un(e) seul(e) scientifique, quelles que soient ses qualifications, ne vaut rien.

    Que nous dit alors la science ?

    • La science nous dit que l’expression « réchauffement climatique » est à bannir. Il faut parler du « réchauffement global » qui est à l’origine de la « perturbation climatique ». Entendons par là que le climat de vastes régions, voire de pays entiers, est devenu imprévisible.

    • La science nous dit que le réchauffement global par rapport à l’ère préindustriel est de 1,2°C. Mais elle nous dit aussi que nous ignorons encore the plein effet de ce 1,2°. Je m’explique. Le Système Terre est comparable à un gigantesque volant : pour le bouger, il faut un énorme effort prolongé ; mais il faut autant d’effort pour l’arrêter. Aujourd’hui nous continuons à le pousser. Donc il continue à accélérer. Même si nous pouvions l’arrêter net demain, rien ne nous permet de savoir le plein effet de l’accélération déjà acquise.

    • La science nous dit que, même si nous arrêtions tous nos émissions de CO2e demain, le réchauffement global continuerait à cause des 410 ppm déjà dans l’atmosphère.

    Nous observons déjà les effets néfastes et alarmants (svp pas « alarmistes ») de 1,2°C et nous constatons qu’ils se situent sur une courbe exponentielle. Qui oserait prédire les effets de 1,5° ?

    Vous dites vous-même que la cible de 1,5° est politiquement irréalisable, mais que +2 ou +3 seraient « gérables ». La science nous dit que seul +2°c serait probablement catastrophique parce que nos infrastructures ne sauraient s’adapter à la vitesse nécessaire. Quant à +3, +4, etc, ce serait, comme l’a si bien dit Al Gore, « Game over ».

    J’applaudis votre objectif de rendre des sujets complexes compréhensibles au commun des mortels. Mais un danger de taille vous guette : celui de la sur-simplification. Et donc de la désinformation.

    J’espère que vous pourrez trouver le temps de me répondre.

    Cordialement
    Roger Walker

  • yann dit :

    Bonjour et merci,

    Il me semble important d’ajouter que l’on est déjà à +2 dans les alpes (donc en partie en France) et que l’on est à +3 en méditerranée (donc en partie en France). Et que déjà les rendements agricoles baissent, des inondations, des tornades, glissement de terrains sont **déjà** bien plus fréquentes !

    Il me semble aussi important de rappeler que l’on devait arriver à la fin du pétrole bien plus tôt que l’on ne pensais, mais on a trouvé (car il y a plein de pognon) le moyen d’en extraire encore et encore : pétrole bitumeux, forages encore plus profond, on se rapproche des pôles pour en extraire, il y a encore bcp de ressources ! et je ne doute pas que l’on puisse faire la même chose pour le charbon, d’ailleurs la lignite est je crois un charbon bas de gamme extrait en Allemagne…

    Donc **attention** de ne pas minimiser et laisser penser que ça va pas si mal, il y aura toujours des super riches pour exploiter toujours plus et nous les esclaves pour les y aider à le faire => révoltons nous !

    Et n’oublions pas que tout cela ne sont que des simulations de quelques chose d’une complexité inouie = ce qui fait que la vie est possible sur terre, c’est bien loin d’un simple calcul de CO2… nous ne sommes donc pas au bout de nos découvertes. Simplement je constate que depuis les 1ères prévisions des début du GIEC, on ne fait qu’aller vers le pire… vous semblez être philosophe et sociologue, en physique un emballement d’un système c’est exponentiel !

    Ecouter Aurélien Barraux il me semble pointer juste, la question n’est plus (ou pas) là sur le CO2, sur le climat, mais sur la manière dont on souhaite habiter cette planète.

  • Elisabête Borgne dit :

    Business as usual ou pas, il y a beaucoup de choses qu’on a tous remarqué depuis 2015 et le fameux accord de Paris. D’abord qu’il ne se passe rien. On peut montrer de jolis graphiques, exposer des chiffres, ces choses-là disent ce qu’on veut leur faire dire. Dans les faits, notre quotidien n’a pas changé, pourquoi celui des plus riches aurait changé? Prenons l’exemple des retraites. On nous entube pendant que les riches se gavent. S’il y avait un effort fait sur le climat, vous ne pensez pas qu’on serait déjà tous à vélo? C’est vite dit, mais voilà, si notre vie ne change pas, c’est que rien ne change vraiment. Oui on a des Tesla et des panneaux solaires, trop bien. Bon faut arrêter les conneries à un moment. Pourquoi on nous la ferait à l’envers sur le climat alors qu’on nous presse comme des citrons sur tous les autres sujets et que les giga-méga riches sont au courant depuis les années 70? Je ne nie pas le changement climatique ici, mais je dis bien que rien n’est fait contre, ce n’est que du vent par rapport à ce qu’on pourrait faire.

    Ensuite, il y a le très gros mensonge de la stratégie verte de la Chine. La Chine ne fait rien pour le climat, c’est même tout le contraire. Hausse de la consommation de charbon, cimetières de voitures et de vélo électriques jamais utlisés (mais qui comptent dans les stats de l’état)… Sauf que dans le graphique à 13 min, on voit la magnifique baisse des émissions de la Chine (qui se répercute d’une façon ou d’une autre sur les autres pays). Cette baisse des émissions est globalement (à l’échelle du globe), beaucoup plus nuançable, voire fausse. (Je vous invite à jeter un œil sur les vidéos de Serpentza sur le sujet de la Chine)

    Enfin, il y a quelque chose dont vous parlez trop peu dans cette vidéo, parce que vous parlez surtout de moyennes. Une hausse de 3°C, il faut vraiment beaucoup beaucoup insister là-dessus, plus que sur le fait que Mad Max c’est abusé, c’est une augmentation de phénomènes extrêmes consécutifs. De fortes pluies qui suivent des sécheresses par exemple, et donc des sols qui ne boivent pas (surtout s’ils sont argileux), ce qui entraine un appauvrissent global des sols. Combiné à la politique des méga-bassines, on se retrouve avec des déserts en créations (l’idée des bassines pourrait être jouable en plus, si on prenait l’eau aux bon endroit au bon moment, soit pas dans les nappes et pas tout le temps).

    Le stress thermique des canicules peut avoir des effets désastreux sur une récolte, bien supérieur à -10%. Toute une récolte peut être perdue si les températures sont trop hautes trop longtemps, car 90% des espèces végétales ne sont pas capables de photosynthétiser sous les fortes chaleurs. Elles entre alors en dormance sous l’effet du stress et peuvent parfois mettre plus d’un mois à s’en remettre (sauf qu’un mois plus tard, c’est l’automne, avec son humidité et ses maladies de saison). Ce phénomène est encore sous-évalué mais risque à terme de causer de très gros problèmes alimentaires.

    Donc s’il vous plaît, on a parfois l’impression que ça vous fait marrer parce que wesh wesh, gros, Mad Max c’est trop exag’, on va juste avoir du soleil en Bretagne et devoir voter une loi string pour les Marseillais. Vous n’évitez pas le sujet, mais vous dites clairement que ça vous fout les boules d’en entendre parler dès le début de la vidéo. Désolé, moi ça me fout les boules de voir qu’on ne fait rien de chez rien depuis 50 ans à la tête de nos pays pour qu’on puisse passer à autre chose. Qu’on sait, mais qu’on s’en fout. C’est comme monter dans un taxi, être coincé à l’arrière, et voir le chauffer se bander les yeux et conduire avec les pieds. Wesh wesh.

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