Pourquoi est-il difficile de parler de sociologie ? Blabla #12 – Osons Causer

Si la relativité, la chute des corps et tous les arguments de la physique mettent tout le monde d’accord, il n’en va pas de même des arguments sociologiques. Les sciences sociales (sociologie, économie, histoire, psychologie, anthropologie) traitent du monde social, le mettent en chiffre, en loi et en raisonnements. Or, les hommes connaissent le monde social, l’ont pratiqué et en ont un savoir intime. C’est ce savoir spontané qui, souvent, rend difficile à comprendre et accepter les résultats scientifiques obtenus par les sciences sociales. Si la diffusion de la sociologie n’a pas d’importance en soi, elle peut être utile pour déjouer les manières de présenter qu’utilise le pouvoir en place. En effet, ce dernier n’hésite pas à s’abriter derrière le savoir ordinaire des gens et leur sens moral pour dissimuler des vérités que les analyses des sciences sociales permettraient de voir éclater.

Bibliographie :

« Le moment est venu pour la sociologie de renoncer aux succès mondains et de prendre le caractère ésotérique qui convient à toute science. Elle gagnera ainsi en dignité et en autorité ce qu’elle perdra peut-être en popularité ».

Emile Durkheim, Les règles de la méthode sociologique, 1895

  • Emile Durkheim, Les règles de la méthode sociologique, 1895

Un classique du fondateur de la sociologie française. Est abordée la célèbre « rupture avec les prénotions » (les préjugés, le « vécu ») et la considération du « fait social comme une chose » (la sociologie, c’est traiter du monde social comme la physique traite du monde physique). La confrontation avec la morale et le droit est omniprésente dans l’argumentation du vieil Emile.
Un lien vers le livre en pdf : cliquez ici

  • Nobert Elias, Qu’est-ce que la sociologie ?, 1981

Le sociologue allemand développe dans cet ouvrage sa conception de la sociologie comme extrêmement liée à l’histoire et à la psychologie. On y trouve notamment un chapitre célèbre consacré au « sociologue comme chasseur de mythes » qui convient bien avec le propos de notre vidéo.
Un entretien avec le sociologue Michel Vakaloulis de 2004 clarifie l’actualité de la thèse défendue par Elias du sociologue comme chasseur de mythe : http://www.humanite.fr/node/301108

  • Pierre Bourdieu, Jean-Claude Chamboredon, Jean-Claude-Passeron, Le métier de sociologue, 1968

Un ouvrage essentiel pour comprendre la sociologie française actuelle. Il précise les percées de Durkheim et tente de les articuler à d’autres textes épistémologiques improtants. Rien que pour le recueil de textes, ce livre vaut le détour.
Un lien vers une fiche de lecture : cliquez-ici
Un lien vers un extrait fameux expliquant qu’aucune technique (même statistique et mathématique) n’est « neutre » : cliquez-ici

  • Jean-Claude Passeron, Le Raisonnement sociologique, 1991

Surement l’ouvrage le plus complet (mais difficile) sur le raisonnement en sciences sociales. L’auteur le confronte aux formes littéraires et mathématiques des raisonnements habituels pour dégager la place des travaux des sociologues, historiens et économistes.
Une fiche de lecture ici : cliquez-ici

Et une récension académique là : https://urmis.revues.org/432

3 commentaires

  • Très intéressante vidéo, qui met bien en évidence d’une part la difficulté intrinsèque des sciences sociales prises dans un sens large (je suis économiste, et pour moi l’économie fait partie des sciences sociales), à savoir le fait que les gens ont toujours une expérience des faits sociaux qu’ils confondent avec une connaissance scientifique – ce qui les rend assez hermétiques au discours scientifique –, et d’autre part le fait que celles et ceux défendant des intérêts particuliers (les politiciens, les idéologues, etc.) peuvent utiliser ces comportements dans leur intérêt et non pour améliorer le bien-être social (contrairement à ce que laissent entendre un certain nombre de vulgates).

    Dans tous les cas, voici une chaîne de plus dans la liste de mes abonnements YouTube ;)

  • Jacques dit :

    Très bonnes vidéo pour désamorcer les conversations inutiles ! Merci pour le partage des références c’est un très bon point.
    Comme suggestion, je verrais bien un épisode d’introduction au système monétaire… Mais bon c’est du boulot !
    Merci,
    A bientôt.

  • KILO dit :

    alors si je donne 1 20/20 à un élève qui ne le mérite pas (un 12/20 aurait été « juste » ) mais qui est tellement timide, introverti, petit… est-ce que je prend en compte son contexte sociologique et balance par la fenêtre tout le bla bla des notes « juste » de l’éducation nationale pour que cet élève ai eut au moins une fois dans sa vie d’élève 1 20/20???

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