Si, quand vous nous regardez, vous avez l’impression de causer avec un pote, de réfléchir à quelques trucs et de vous retrouver dans une communauté constructive et sympa, c’est qu’on aura réussi notre taff :)
D’où vient notre délire et comment on s’y prend ?
La politique, c’est chiant. C’est chiant parce qu’on ne parle que de trucs abscons compliqués que personne ne comprend (« la disposition que vous évoquez a été amendée en commission et ne sera applicable qu’aux cas déjà prévus par la loi antérieure »). La politique c’est du jargon déclamé à longueur d’ondes par des clones encravatés.
C’est tellement chiant qu’on finit par lâcher l’affaire, par laisser faire les clones et leur abandonner nos destins. Nous sommes nombreux à avoir déserté le champ politique. De trahisons en reniements, de mensonges en langue de bois, le triste spectacle de nos hommes politiques professionnels en a dégouté plus d’un.
Nous nous sommes retirés dans notre coin, à tenter des trucs ou à ruminer « monde de merde » avec Georges Abitbol. Ce dégoût et ce retrait s’est même parfois immiscé jusque dans nos consciences. On n’ose plus parler de politique (« oh non, tu vas pas parler de ça ! »), on évite de trop penser à ces actualités qui foutent le cafard.
Quand les dégoutés s’en vont, il ne reste que les dégoutants. Si le peuple se retire des affaires politiques, des véreux de toutes sortes se feront un plaisir de « gérer » pour eux et d’organiser notre dépossession.
Notre recette : un plan simple, des mots simples pour réfléchir sur un truc complexe et sérieux. On essaie donc de ne prendre personne pour un con et, surtout, de ne pas embrouiller avec un lexique artificiellement trop pompeux pour être entendu. La parole doit lier et non exclure, elle doit susciter et non interdire, elle doit ouvrir et non pas clore.
Notre verlan, nos grands gestes, nos tournures orales et nos comparaisons foireuses sont nos invitations à la réflexion.
Réfléchir à partir de ce qui est bon pour tous, remettre la perspective du bien commun au centre de la réflexion politique, rabattre le caquet des successions de chiffres pour revenir aux vies de gens, voilà l’ambition éditoriale de nos propos.
Vous avez remarqué, quand on écoute le clapotis médiatico-politique, il s’agit souvent de « réformes nécessaires », de « l’urgence de briser les tabous et d’aller contre les immobilismes ». On parle d’équilibre budgétaire, de « rationalisation des politiques publiques », de « baisse des dépenses publiques », « d’obsolescence de notre modèle des retraites ».
Les choix politiques nous sont présentés comme « naturels », comme des mouvements impliqués par la marche du siècle : ou on court pour attraper le wagon ou on rate le train. Jamais la discussion ne porte sur la pertinence de ces choix « modernes », « inéluctables », « nécessaires » ou de leur intérêt pour le destinataire théorique de toute politique : le peuple.
L’intérêt général est tombé dans l’oubli. Qui examine encore la réforme des retraites, le traité transatlantique, la politique fiscale avec l’intérêt général comme boussole ? Il n’est question que d’équilibres financiers ou géopolitiques (les traités, toujours les traités). Où sont les petits gens, où sont les vies réelles, nos galères de thunes ou nos rêves dans ce torrent de chiffres et d’acronymes ? On entend beaucoup plus parler des « impératifs de Bruxelles » ou de « l’équilibre budgétaire » que de ce qui convient, vraiment, à nos vies.
Évidemment, il n’existe aucune formule magique permettant de sortir l’intérêt général de son chapeau. L’intérêt général est une création rationnelle collective et nos vidéos ne proposent qu’un premier pas vers cette réflexion toujours ouverte. Mais que ce pas fait du bien ! :)
Osons Causer, c’est des vidéos d’actu qui nous permettent de réagir en donnant notre perspective, de lancer un débat (Taubira) ou de souligner un point qui nous tenait à cœur (boycott, état d’urgence, COP 21).
Ces vidéos réactives, plus rapides dans leur élaboration, nous permettent de valoriser le « temps de cerveau humain rendu disponible » (oui, nous venons de citer Patrick Le Lay :) ) par l’actualité. Tenter de réconcilier avec la politique, avec les enjeux importants pour notre vie commune sans partir de ce qui intéresse, passionne et anime les citoyens serait un pari idiot. Les polémiques, les buzz, les « trending topics » sont autant de fenêtres de tir pour faire entendre notre voiE et lancer le débat. C’est dans ce genre de vidéos que vous trouverez nos points de vues les plus « osés ». Parfois, un bon coup de gueule invite davantage, grâce à sa radicalité, à la réflexion que le « topo » nuancé et tout en mesure. Du moins, c’est notre pari.
Osons Causer, c’est aussi des vidéos plus longues, avec (beaucoup) plus de travail de recherche. Elles nous donnent l’occasion de développer en profondeur un sujet faisant, parfois, l’actualité (crise grecque, attentats) mais toujours important pour les citoyens (contrôle des médias, sociologie de l’éducation, liens entre l’Arabie Saoudite et le djihadisme). Ces vidéos ont l’ambition de proposer une synthèse problématisée et critique d’un sujet, avec, comme toujours, l’intérêt général et la démocratie comme boussole.
Bref, vous l’avez compris, nous voulons casser des codes du journalisme, de la politique des partis et des discours universitaires, les trois domaines qui régissent nos consciences et nos vies. Ils visent, chacun à leur manière et avec leurs enjeux, l’intérêt général. Seulement, nous pensons qu’ils restent trop souvent enfermés dans leurs propres agendas, leurs propres manières de parler et leurs intérêts restreints. Ils laissent ainsi l’intérêt général sur le pas de la porte et se coupent toujours davantage des citoyens.
Notre truc à nous, c’est de trancher avec ce jargon, avec ces barrières linguistiques et symboliques qui font qu’à raison beaucoup de citoyens sont convaincus que « la politique, c’est pas pour moi ».
Savoir, c’est pouvoir dit l’adage d’éducation populaire. Notre démarche est de transmettre le plus possible le savoir que nous avons acquis en étudiant la philosophie et les sciences sociales.
En plus de faire de la clarté l’impératif premier de notre écriture, nous jugeons déterminant de documenter et sourcer nos arguments, et de mettre sur notre site toutes les références citées dans nos vidéos et de quoi approfondir chaque sujet. Ces sources font se rencontrer des articles universitaires, des tribunes de blogs et les vidéos des collègues vidéastes.
Nous ne proposons, évidemment, pas de discours absolu, pas de clef magique qui résoudrait tous nos problèmes. Nous ne cherchons qu’à enrichir et à susciter le débat. Osons causer se pense comme une invitation à questionner, à penser, à agir.
Bon, on sait, le dispositif vidéo est forcément inégalitaire. On produit du contenu, vous le regardez. Mais il existe des moyens de casser ces effets du dispositif. Voici notre recette pour inviter à la réflexion, à l’action, malgré la distance que créent la caméra et internet.
D’abord, il faut des bonnes vibes. Le monde est déjà bien assez austère pour se passer de notre mauvaise humeur. Des sourires, des sourires, toujours des sourires ! Nous sommes convaincus que la révolution passera par la fête ! Le peuple ne fera pas son retour aux affaires publiques en tirant la tronche et en discutant pourcentage. Rendre les discours analytiques motivants, engageants et joyeux fait partie de notre tâche collective. Et nous pensons cette joie importante pour donner envie, pour susciter, pour mettre en mouvement.
Ensuite, il est indispensable d’écrire pour tous, et cet impératif commande à la fois le choix des sujets et la manière de les traiter. Sus au jargon on a dit ! :) En face à face, qu’il en soit conscient ou non, chacun adapte son expression, son lexique, son ton et les idées qu’il exprime à l’interlocuteur qu’il a en fasse de lui. Personne ne parle à sa grand-mère comme à son petit cousin. Sur Internet, cet enjeu d’écriture impose d’adapter le point de vue à de multiples formes d’esprits, à de multiples expériences de vie, à différentes manières de penser et de vivre le monde.
Quand nous écrivons, nous cherchons à nous mettre à la place des dégoûtés de la politique, des déçus de la gauche comme de la droite, des férus des frontières comme des eurobéats. Cet exercice intellectuel et social de mise à la place d’autrui est indispensable pour ne pas clore à l’avance un discours et le réserver ainsi à la poignée de déjà convaincus.
Enfin, pour casser l’asymétrie du dispositif, nous essayons de le rendre le plus horizontal possible, de donner beaucoup et de tisser une relation avec notre public. Nous répondons aux commentaires de la manière la plus constructive possible. Et organisons (bientôt) régulièrement des rencontres-débats joyeuses avec notre public et des émissions de radio.
Yallah ! Parlons ! Donnons notre avis, n’hésitons pas à poser des questions, à critiquer, à proposer, à examiner. Reprendre en main notre destin collectif nécessite de se retrousser les manches et de remettre les mains dans le cambouis politique pour, enfin, oser causer !
Bref, si, quand vous nous regardez, vous avez l’impression de causer avec un pote, de réfléchir à quelques trucs et de vous retrouver dans une communauté constructive et sympa, c’est qu’on aura réussi notre taff :)